RSE, une nécessité absolue
Le 27 mai 2015
Devant Miloudi Moukharik, patron de la plus grande centrale syndicale marocaine, Nabil Ziat PDG de Stroc Industrie, lance cette déclaration qui installe une chape de plomb dans la salle: «j’étais anti-syndicaliste». Pour reprendre l’expression du Professeur Bouchikhi, il y avait là un énorme passif immatériel : celui où le dirigeant n’accepte pas de dialoguer avec une partie prenante fondamentale: le syndicat. Neuf mois de grève et une immobilisation de l’outil de production ont venu à bout des convictions de M. Nabil Ziat. Avec un rare fair-play, ce dirigeant de cette entreprise cotée à la bourse de Casablanca poursuit sa plaidoirie : «le bon sens nous a conduit à changer de démarche et à demander l’appui de l’UMT pour constituer un syndicat, le former et installer en face un interlocuteur crédible à même d’ériger une courroie de transmission entre le Management et les collaborateurs». Au Maroc, ce témoignage est rare, utile et réconciliant. Loin de toute rhétorique de faire valoir, ce témoignage est aussi la porte royale vers le dialogue et l’apaisement social. L’association RSO au Maroc a fait oeuvre utile en organisant ce workshop, mardi 26 mai à Casablanca, intitulé « RSE : luxe ou nécessité». Car, en définitif, la RSE est une nécessité absolue. Dans nos pays du Sud, elle l’est davantage. Car, si ceux du nord en sont arrivés après une longue période d’«accumulation des richesses» et la pénétration des droits de l’homme au sein des entreprises, dont le pacte mondial en est une consécration, ceux du sud peuvent profiter de ce nouveau logiciel de la dialectique sociale et environnementale. Ce soft est désormais porteur d’une révolution organique. Au lieu d’attendre que les mécanismes institutionnels se mettent en place pour l’accueillir, une nouvelle dialectique de la performance basée désormais sur la valeur ajoutée partagée peut en être une traduction pragmatique. Faut-il des prérequis ? Oui, soutient Miloudi Moukharik, Secrétaire Général de l’UMT : «il faut que l’Etat et la CGEM frappent un grand coup». Un grand coup, le flegmatique PDG de Cosumar, M. Mohamed Fikrat, l’a porté avec justesse et réalisme : la méthode de son entreprise qui fait école sur le marché marocain grâce à son modèle d’agrégation et l’implication de parties prenantes nous projette justement au coeur de la valeur ajoutée partagée. Gageons que ce dialogue entre acteurs locaux puisse redoubler d’intensité, sans surenchère ni fioriture.
Par Hassan Bouchachia